• "Toi t'es pas une prostituée, t'es escort" - putophobie II

     

    Ou "toi t'es pas une prostituée, t'es une amie, et ça me fait plaisir de te donner de l'argent".
    Ou encore "toi t'es pas une prostituée, tu proposes des services sexuels contre rémunération".

    "Escort", le doux mot, le politiquement correct. Moi je propose "dame de compagnie". 

    En plus, je reçois... j'escorte que dal.

     

    Ah mais non, voilà ! les putes elles sont dans les vitrines, la rue, les salons, en rang d'oignons, le client hésite, scrute, choisit. 

    Moi c'est plus noble, c'est sur rendez-vous.

    Méprisons celles-là, bouts de viande exposés, et flattons-nous. Moi je suis "escort", et les hommes qui me rendent visite sont des "amis" qui me donnent de l'argent. 

     

    Alors oui, clairement, je préfère ce que je fais au racolage en rue, aux vitrines, au rang d'oignons dans un salon. Mais appelons un chat un chat : service sexuels contre rémunération... = prostitution. 

    Et oui, mes clients sont aussi, à différentes échelles, des amis, des gens que j'apprécie. 

    Je trouve pas que ça soit un souci de proposer des services sexuels contre rémunération.

    Je trouve pas que ça soit un souci de dire prostitution.

    Je trouve pas que ça soit un souci d'être client.

    Mais je trouve que c'est un souci de faire une hiérarchie : entre une prostitution qui serait noble, acceptable, respectable et qui ne dirait pas son nom, et une autre, la vraie, méprisable.

    Forcément le mot est chargé. Il a plusieurs sens et si l'un est factuel : 

    "Fait pour un individu de l'un ou l'autre sexe, de consentir à avoir des relations sexuelles avec des partenaires différents, dans un but lucratif et d'en faire son métier; exercice de ce métier; le fait de société qu'il représente."

    ... les seconds sens craignent un peu et charge le métier du mépris de la société.

    "Fait de renoncer à sa dignité, de se déprécier; usage dégradant que l'on fait de ses qualités, de son savoir, de son art, pour des raisons d'intérêt ou par ambition, par nécessité ou par obligation."

     "Dégradation de quelque chose par usage abusif ou dévoyé."

    L'étymologie de pute ne vaut pas mieux : 

    "De l’ancien français put (« sale »), du verbe latin putere (« puer, sentir mauvais ») ou de putidus (« fétide, puant »), les deux de même racine."

    Les dictionnaires suffisent à jeter l'opprobre sur un travail, qui n'est pas banal, mais qui est... un travail. Et plus j'exerce ce métier, plus je suis convaincue de son utilité (à suivre...).

    Pour déconstruire le mépris, dé-connotons les mots. Pute, c'est un métier.


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