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"T'as un master en philo et tu fais escort ???" ou la putophobie "bienveillante"
"Tu es trop bien pour faire ça. Ce cerveau-là...? ce job ? C'est si bas"
- J'espère que tu pourras arrêter rapidement...
- Pourquoi ?
- Je sais pas... tu mérites mieux
- C'est pas un peu putophobe ?
- Ah oui sans doute...J'apprécie réellement les clients qui ont prononcé ces paroles. Sous couvert de me vouloir du bien (et c'est sincère) elles sont néanmoins le reflet de la putophobie communément admise.
Etre pute, c'est dégradant.
Implication terrible dont ils ne sont pas conscients : si moi je ne le mérite pas, d'autres par contre oui.
J'aime ce job, je l'ai choisi, et je n'en ai pas honte.
Je me demande où on situerait dans l'échelle
"T'as un master en philo
et t'es caissière?"
et t'es technicienne de surface?"
et tu travailles à l'usine?"Quel job si peu passionnant serait considéré comme plus ou moins honorable ?
Quelle exploitation est acceptable ?
Sans nier la spécificité de la prostitution, l'instrumentalisation dont on la fustige est bizarrement admise dans un certain nombre d'emplois.
Lorsque je travaillais pour un salaire de m..., à temps partiel, pour une charge de travail clairement excessive, on me disait que
c'était toujours ça
c'était chouette d'avoir un job
c'était intéressant au moins
ça me ferait de l'expérience...Mon job actuel est l'un des plus intéressants que j'ai eus jusqu'à présent.
Pas uniquement parce que j'aime le sexe.
Mais parce que je rencontre des humains variés, géniaux, intéressants, aimables... (pas que bien sûr)
Parce que j'aime les accueillir, les écouter, les câliner...Comme diraient d'autres : "J'ai fait de ma passion mon métier."
Je suis lunatique. J'aurai sans doute d'autres passions, d'autres revirements. Tant que je me sens cohérente dans ce job, je continuerai sans honte.
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Commentaires
Ils culpabilisent souvent d'être clients ou pas ?
Oui il y a carrément une culpabilité pour certains - dont lui qui reformule les choses (je suis une amie, ça lui fait plaisir de me donner de l'argent). D'autres ont besoin de se sentir sauveur (c'est pire !) et de croire que je n'avais pas d'autre issue et qu'ils m'aident à m'en sortir (ceux-là, c'était surtout au début quand je présentais ça comme une activité secondaire - à présent je dis que c'est mon job mais que je le fais au rythme qui me convient).
Le plus troublant a été un qui s'est mis à pleurer avant même le déshabillage, disant qu'il m'exploitait... j'ai dû passer un moment à le rassurer sur le fait de faire ça par choix et que c'était cool qu'il s'en préoccupe. Et effectivement, quitte à être un "client éthique", c'est plutôt chouette de se demander si je suis forcée ou pas etc. (Certains s'inquiètent en effet aussi de savoir si je le fais librement ou pas.)